La jachere permanente .

Peut-être a-t-on tendance a trop vite oublier les expériences du passé au nom des « découvertes » scientifiques.
Avant que l’on nous assène la sacro-sainte trinité NPK, qui allait faire de l’agriculture une industrie, enfin productive, rationalisable et normalisable, la terre était une entité, avec une vie propre et des besoins que l’on respectait pour recevoir en échange notre pain presque quotidien .

Le paysan adoptait un système agronomique simple et efficace : rotation des cultures avec des légumineuses et jachère périodique « pour que la terre se repose ». Cela fonctionnait à quelques années maigres près, années que le prélèvement seigneurial transformait en famines, et le climat, parfois, en grandes famines .

Ce système empirique se trouve conforté par nombre d’études récentes qui tendent à démontrer que le sol se fertilise de lui même dans un système très complexe d’interactions entre les plantes, leurs racines, et tous les micro-organismes qui leur sont associés ! Ce fragile équilibre, quoique très performant, se trouve mis à mal à chaque action mécanique infligée au sol. L’aération, le retournement, les intrants chimiques, viennent à chaque fois détruire les acteurs de la fertilisation et nécessitent à chaque fois un laps de temps plus ou moins long pour que le sol se reconstruise .

Prendre en compte tous les facteurs d’équilibre nécessaires à la fertilité des sols implique de revoir complètement notre façon de faire. une des méthodes à expérimenter consiste à installer une « jachère » permanente qui permettrait au sol de bâtir et de conserver sa fertilité, et au jardinier de cultiver ses légumes avec un minimum d’intrants et d’actions déséquilibrantes .