Voici la quatrième de couverture : Émilie a suivi son mari à la campagne quand les enfants étaient encore petits, depuis ils ont grandi et quitté la maison. Dehors, il y a une vigne qui donne des raisins, il y a aussi une table en bois, des chaises, un banc, pour les petits déjeuners copieux, il y a des tommettes rouges dans le salon, un grand escalier qui mène à l'étage, et à l'étage, une chambre d'amis.
Chaque famille a ses secrets.
Que se passe-t-il dans cette maison au bout de la route du grand chêne?
J'avoue - faute avouée à moitié pardonnée - que je n'avais encore rien lu de l'auteure avant de me plonger cette nuit dans son dernier livre.
Je l'ai acheté après avoir lu la critique élogieuse de Régine Heindryckx (Les lectures de Régine Papillon) qui lui attribue "le prix" de coup de cœur de la rentrée littéraire.
En découvrant, la quatrième de couverture, je m'attends à une histoire de meurtres, de cadavres cachés, d'incestes pratiqués.
Ce ne n'est pas le cas.
Donc, en commençant ma lecture, je suis quelque peu embrouillée, ne comprenant pas qui est "cette nouvelle amie", ce qu'elle vient faire dans l'histoire. Je suis désarçonnée mais le ton de l'écriture me donne le souhait et le besoin de poursuivre. Alors je poursuis. Et la nuit avance sans que je ne trouve le sommeil.
Plus je tourne les pages, plus j'ai envie de faire intrusion dans le roman, de prendre la main d'Emilie et de la ramener avec moi. Puis parfois, j'ai envie de la secouer, de lui crier de réagir, de sortir des griffes de Bernard.
Lui souffler qu'il vaut mieux être seule que mal accompagnée...
L'écriture est fine et intelligente. Captivante et addictive. Moi aussi en quelque sorte, je suis sous emprise. Désirant savoir jusqu'où ce pervers narcissique va aller. Jusqu'où Emilie est capable de s'enfoncer.
Aura-t-elle le courage de partir, de se délivrer? Se réveillera-t-elle? Entendra-t-elle les mots de ceux qui savent, de ce qui voient, de ceux qui sont témoins de la manipulation?
Jusqu'à la dernière ligne, je retiens mon souffle. Je me laisse envahir par le dégoût pour cet homme et l'empathie pour cette femme. Les mots d'Alma Brami deviennent des images, je ne lis plus, je regarde. J'assiste impuissante à des scènes qui me révoltent.
Ce roman est à la fois dramatique, poignant et perturbant. Et tellement vrai.
"Mon mari avait toujours travaillé dur, contrairement à moi, la bonne éducation des enfants, c'était à lui qu'on la devait, la maison et la tonnelle aussi. Il n'avait pensé qu'à nous, qu'à notre confort...Quelle femme de mon âge pouvait se vanter d'être choyée encore de la sorte, après autant d'années?"
" J'étais née avec mon mari, le reste n'existait pas. J'avais tout oublier pour me modeler à lui"