J’emporte mes Polly Pockets, mes verres à vin et mon intégrale de Harry Potter. Je laisse mon lit, l’armoire un peu nulle et le meuble de cuisine.
Je balance mon étagère Billy, celle que j’avais acheté au lycée, avec mon père. Je donne mes fringues trop petites, je jette mes fringues déchirées.
J’emmène ma grosse valise, mon joli miroir et mes cadres. Je balance mes vieilles chaussures foutues.
J’emmène ma boite à souvenirs, le premier bracelet qu’un garçon m’a offert et des mots doux. Je laisse les garçons ici, j’abandonne bien volontiers les flirts mignons et les clins d’oeil en coin.
Je garde seulement les jolis souvenirs, les premiers baisers et les papillons dans le ventre. J’aimerais dire que je laisse ici les moments tristes, ceux qui pèsent un peu sur mon coeur.
Mais quand j’y pense, je sais que je ne laisse que leur poids. J’emporte comme ils sont précieux, j’emporte les débuts, j’emporte les mains dans les cheveux et le sentiment de vide quand on a le coeur brisé.
Mes valises manquent de place alors je laisse des trucs derrière moi. Mon coeur aussi, j’ai envie d’y faire de la place. Alors je laisse quelques bouquins, quelques trucs matériels. Je laisse quelques garçons, et même des amis, quelques trucs sentimentaux.
Je laisse les engueulades non résolues, si elles ne le sont pas maintenant c’est qu’elles ne le seront jamais. Je laisse mon premier amour, je dis au revoir à Paris et à tous les souvenirs qui y sont attachés.
Je pars m’en créer de nouveaux, je pars remplir d’autres valises et d’autres étagères. Y en aura d’autres des allers-retours à Ikea, des apparts à décorer et des garçons à découvrir et à aimer.
Si mon visage est mouillé en écrivant, c’est seulement de soulagement. J’ai jamais aimé les valises trop lourdes, j’ai jamais aimé les adieux, mais j’adore les renouveaux.