Dans mes cauchemars y a des foules. Y a des gens qui me suivent, d’autres qui m’ignorent. Y a ce mec de ma classe de troisième qui me traite de sorcière au travail, y a cette fille de sixième qui me dit que j’ai pas changé et que je changerai jamais.
Dans mes cauchemars y a des trains. Y a des erreurs de destination et trop de monde pour pouvoir descendre. Y a des magasins et un troupeau de gens qui me courent après pour m’arrêter parce qu’ils pensent que j’ai volé un truc. Dans mes cauchemars y a souvent méprise.
Y a beaucoup de monde, et parfois vraiment personne. Beaucoup de monde pour me voir, vachement moins pour m’entendre ou m’empêcher me noyer.
Parce que dans mes cauchemars, y a pas trop d’air.
Dans mes cauchemars y a des voitures que je sais pas conduire, des chemins qui changent et aucune carte pour me repérer.
Dans mes cauchemars y a quand même pas mal de répétitions, le genre auxquelles on s’habitue jamais.
Dans mes nuits y a pas énormément de repos en fait. Y a surtout des réveils en sursaut, des larmes et des crises de panique.
En fait mes cauchemars c’est un peu ce mec qui te coupe tout le temps pour te dire un truc que tu sais déjà et que t’as déjà dit alors que t’essaie d’avancer. Ce douchebag qui se croit hyper profond alors qu’il est aussi spirituel qu’une citation de Ben, trop cynique, trop réaliste et salé le gars !! MORT ! IL A TUE LE RESPECT JPP, emoji qui pleure de rire ET points d’exclamation.
Mais dans ma vie, y a des trucs cool. Y a ce mec qui m’empêche de me battre avec mes coussins quand je rouvre les yeux. Y a ces amis qui ont tout compris, qui savent que je m’applique juste à remettre un peu d’ordre dans ce bordel et que j’ai besoin de tout évacuer avant de réordonner ma merde.
Ma vie versus mes nuits, allégorie
Dans ma tête y a les répliques de Sabrina l’apprentie sorcière, les paroles de Pour que tu m’aimes encore, la recette de la tarte aux pêches, y a les beaux yeux de Tom Selleck, la blague de prout que j’aurais pu faire ce midi à table, les dialogues entiers de Nuit blanche à Seattle et un milliard d’anecdotes dont je suis la seule gardienne parce que de toutes façons personne ne s’en souvient.
Dans ma tête y a tous ces trucs un peu vieux auxquels je suis habituée et que je réserve à mes cauchemars, tous ces visages désagréablement familiers, mais aussi toutes ces choses un peu merveilleuses qui rendent mes nuits moins tourmentées.
Dans ma vie y a toute cette force que je vole à personne et une confiance en moi avec qui je fais encore timidement connaissance.
Dans mes nuits y a tout le bordel de ma vie mais promis je range tout et j’arrive, je vais tellement faire briller tout ça que je pourrais me voir dedans !