Omnivore

Par Lapetitebette

Tu le sens?

Yep, moi aussi je le sens.

Ça sent la fin. La fin de l’été, tu dis?

Cet espèce de feeling d’angoisse globale de fin de saison, de fin de cycle, qui te rappelle que non, t’as pas fait tous les festivals que tu voulais, t’as pas fait tous les excursions que tu pensais mais il t’en reste, du temps. Si peu, mais il t’en reste, on est pas rendu à la fête du Travail là? Le temps que tu alignes une dernière game de tennis, une dernière coupe de bulles sur la terrasse, ah pis on a le temps pour les glissades d’eau, le marché aux puces de St-Damien et une épluchette de blé d’Inde. Quoi, ça rentre dans un weekend? Envoye, donne-moi un dernier weekend été2016-qui-a-livré-la-marchandise-point-com.

Le « Marché »

Alors mon Deal de cette semaine, c’est un peu le microcosme de ça: il m’a nargué tout l’été, je n’y étais pas allé et bang, cette semaine, je suis mieux de me dépêcher, pas le genre de setup avec chauffage inclus.

Tout au bout de le rue McGill dans le Vieux-Port, tel un phénix qui surgit des flammes de feu plusieurs concepts de restos déchus, est né un « Marché » dans l’ancien espace qu’occupait le Café des Éclusiers pendant ses années glorieuses avant que la minorité les chialeux des condos en face beuglent leur désapprobation à la Ville de Montréal tel un vilain col bleu en manque d’une grève qui lui permet d’oublier sa propre insignifiance.

Mish mash de 4 comptoirs alimentaires, votre insatiable chroniqueur a passé les 2 dernières semaines à forer le meilleur du pire de cet endroit fort bien situé au milieu de la petite écluse du Vieux-Port. L’ancien bar est maintenant occupé par, un autre bar, parce que bien, vendre de l’alcool c’est payant à $12 le drink et j’avoue avoir succombé quelques fois aux pots Mason alcoolisé. D’ajouter un BBQ au bout dudit bar semblait une idée de génie jusqu’à ce que tu goûtes au burger qui en est sorti. Vois-tu, quand tu prépares des drinks, t’oublies la grille et puisque c’est prouvé scientifiquement qu’un gars peut pas faire 2 choses en même temps, « something’s got to give » comme disait Marilyn Monroe en 1962 dans le film du même nom. Tu me sers un boulette brûlée, shame on you, tu penses m’y retrouver, shame on me. Y’a pas grand chose qui m’insulte plus que m’en faire passer une petite vite dans mon burger.

Chronique d’un burger mort-né, je détourne les yeux vers un bar à jus en m’exclamant dedans ma tête: « Tiens un bar à jus?! »

J’aime les bar à jus et les bars à jus m’aiment.

Oh boy! $12 pour le gros format de jus? OK je sais bien que ça coûte cher un Vitamix mais les fruits que tu mets dedans vont-ils sauver mon âme, payer mes taxes et financer le nivellement de l’autoroute Bonaventure par des arbres?

Tut, tut, tut, entre ma première et ma dernière visite, la bar à jus Nectar procède à une chute de prix comme chez Wal-Mart. Je n’avais jamais pensé que l’été pourrait être déflationniste comme la bédaine à Barrette. Maintenant $10 (taxes incluses, et vous savez comment j’adore les endroits taxes incluses, un exemple de bon comportement commercial – je te regarde Air-Transat-Canada-Westjet, aka Air Surprise, aka Air Supply « Here i am, the One that you love, and you better love me, because you’re stuck with me »).

« Je vais prendre un « Immortal » svp »

« Awwwwee, c’est parce qu’il y a des mangues »

« Exact ! je capote sur les mangues, j’ai été allergique aux mangues pendant 20 ans mais plus maintenant ! Mets-en des mangues Armande »

« …ouin, c’est parce que les mangues ne sont pas mûres ».

J’aime les bars à jus, les bars à jus ne m’aiment pas.

Deux semaines avant, il manquait carrément l’ingrédient principal d’une autre recette.

J’aime les bars à jus, ils sont difficiles à aimer.

Échecs et smat

Le petit comptoir Omnivore

Alors vous comprenez chez lecteurs que cette chronique a été difficile à écrire, je m’attendais à un « Marché » et non à un « Faire Marché », un espace commun où on retrouve un offre variée alors que j’ai plutôt découvert une compilation de « Fail Army » comme sur YouTube – c’est drôle jusqu’à temps que tu ailles faim.

Et là tout seul dans dans son coin, en-dedans, comme un élève timide qui avait la réponse tout ce temps-là, Omnivore lève la main discrètement et m’interpelle. J’avais déjà été exposé à Omnivore sur le boul. St-Laurent, coin Marie-Anne, c’était bon mais archi long, je l’avais oublié.

Pour $12 (avant taxes), on vous propose un sandwich kafta + une salade fattouche.

J’y vais pour le « Djaj », inspirante combinaison de poulet taouk, sauce à l’ail, rabioles et cornichons.

Rédemption !

Non seulement ledit dudit sandwich me colle à la peau comme un Libanais avec un inventaire à rabais à vendre, mais la salade fattouche touche un point sensible de mon palais qui me rappelle que j’aurais pu venir ici plus tôt dans la saison pour me remplir le bedon tout en gardant ma taille de maillot de bain. Impeccable vinaigrette sur laitue romaine combinée avec radis, poivrons jaunes et saupoudrés de pitas secs, le sandwich figure de co-vedette comme Véronique Cloutier & Louis Morissette dans un show de claquettes (ça fait pas vraiment de sens mais ça rime comme fattouche et pinouche). Délicieux à tous points de vue et irréprochable.

Je grimpe au 2e étage pour bénéficier d’une superbe vue sur le Silo no 5 (je l’aime moi le Silo no 5, bon) et profiter des derniers rayons du soleil de l’été de tous les dangers. Parce que tout Montréalais sait que ça ne peut pas durer, que toute éclaircie dans le ciel est éphémère dans le pays du « 50 Shades of Grey Skies ».

Sitôt assis, un escadron de guêpes me pinnent à mon cabaret comme Lisa Thibault à son compte de dépenses. C’est le temps de l’année où les guêpes sentent la fin comme Lisa Thibault sentait la fin de la récréation à son procès.

Ouais, ça sent la faim.

Le Djaj & salade Fattouche

Nourriture : 5/5

Service: 5/5

Omnivore

Coût total avec les taxes (sandwich + salade): $13.80

Dans l’espace de l’ancien Café des Éclusiers

Ouvert : tous les jours

François Lavigueur, ami-collaborateur, recherchiste non-officiel en bonnes adresses, lectures et produits.

François c’est l’ami avec qui tu peux parler sans JAMAIS manquer de sujets.  En fait, dans son cas, il est possible de simplement l’écouter avec plaisir pendant des heures, tellement ses histoires sont colorées et intéressantes. Avouons-le, parfois on se demande si il aboutira à une fin avec tous ses détours, mais « Life is a journey, not a destination » et les plaisirs sont, avec François, dans les détails! Grand raconteur, éternel curieux, il est avide explorateur et d’un enthousiasme impossible à résister.