C’est marrant comme c’est pile quand j’ai le seum que je fais les meilleures vannes, que je me sens la plus créative. J’ai l’impression d’étouffer en fait, je lâche vanne sur vanne, anecdote sur anecdote comme si chaque blague et chaque rire de pote était une bouffée de ventoline. Je rigole jusqu’aux larmes et sans trop trop comprendre pourquoi, je me mets à vraiment pleurer. Et c’est chiant parce que je sais pas pourquoi je pleure, je sais pas pourquoi j’ai peur d’un coup et pourquoi j’ai l’impression qu’un connard marche sur mon cou. Je supporte plus rien : ni les cris ni les regards dans la rue et j’envoie tellement chier les gens qu’on pourrait m’appeler café clope.
Je sais pas si c’est les vacances, les balades et la douceur qui me manquent. Ben non parce que je kiffe mon travail, l’ambition, les projets et tout ça et en même temps la peur de tout chier ça me nique, ça me défonce le bide, ça me donne l’impression de toujours être la moi de 12 ans qui doute comme une boloss. Je réfléchis, je me dis que j’ai toujours su que j’avais envie d’aller plus loin : plus loin que Savigny, plus loin que les préjugés du collège et du lycée, plus loin que tout ce qu’on m’avait dit d’être ou pas. Mais en même temps, j’ai tellement peur de tout rater, de pas être à la hauteur de ce que je me fixais.
Et si depuis le début j’étais une arnaque ? Quand est-ce que tout le monde va le remarquer ? Pourquoi je suis si triste putain ? J’ai plus 14 ans, y a plus de mecs pour dire « ta gueule » quand je parle en cours ou alors je les entend plus et pourtant je suis toujours aussi flippée et ça me nique, et je m’en veux, et j’angoisse.
Dans ces moments j’ai l’impression d’être aspirée vers dedans moi, d’être un vieux bout de pq qui se prend pour une serviette de table.
Je me fatigue à me détester et à me décevoir comme ça. L’autre fois je disais que ma vie c’était un manège, en ce moment il va tellement vite qu’il me compresse l’estomac et qu’il serre tellement fort que ça déborde : de blagues, de paroles, de love, de larmes, de morve, de « pardon » parce que je suis pas foutue de faire un truc sans m’excuser, mais si ça déborde comme ça, je vous raconte même pas dans ma tête.
Les meilleurs dans ces cas-là, c’est ceux qui bouchent un peu les trous, qui me laissent trop parler, qui me laissent pleurer et qui me filent un peu de ventoline quand j’étouffe.
C’est Clément qui ramène une boutanche de pinard le soir, c’est Perga qui m’envoie une fanfic marrante ou même Mymy qui me laisse raconter l’histoire de ma grand-mère qui assomme des gens avec son rouleau à pâtisserie.
J’étouffe mais mes potes sont tous des inhalateurs de ventoline, donc ça va.