Schwartz’s

Par Lapetitebette

Je commences-tu avec un resto inconnu pour tout de suite vous surprendre, ou j’y vais avec quelque chose d’archi connu pour mieux vous asseoir dans un fauteuil confortable?

C’est toujours un peu ça la vie : on retourne consommer l’expérience vécue pour réactiver notre dopamine ou au contraire, on se force à sortir des sentiers battus pour stimuler des saveurs inconnues, au risque de manger des crapauds qui goûtent les cuisses de grenouille?

Pas obligé de choisir tu sais, tu pourrais être comme le boul. St-Laurent en 2016: une artère historique et diversifiée mais recouverte d’une belle ligne d’asphalte neuve à faire rougir d’envie un rollerblade. Le boul. St-Laurent ça a toujours été notre nouveau vieux. Nouveau parce qu’elle évolue constamment. Vieux parce qu’on y retrouve la plus grosse concentration de magasins Depuis à Montréal. Dupuis? Ne-non, De-puis.

Hein Frank, tu délires, c’est quoi ça un magasin Depuis?

Oui je délire, j’ai pas 400 amis sur facebook pour rien, mais laisse-moi juste t’expliquer : un magasin Depuis c’est un magasin qui est en affaires depuis longtemps, genre depuis 1984, ou genre “Telus – Téléphones cellulaires depuis 1952”.

Alors c’est des commerces qui ont de la longévité pis moi de la longévité, ça m’impressionne. Parce que ça veut dire qu’ils font quelque chose de bien. Qu’ils le font depuis longtemps. Et qu’ils ont réussi à renouveller leur clientèle. Dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, depuis 1928. Respect.

Quand je suis arrivé à Montréal, le premier smoked meat que j’ai mangé était celui de chez Ben’s. Et je n’ai franchement pas été impressionné: le sandwich était sec, le serveur était aussi sec que le sandwich et l’éclairage me rappelait la chaleur d’un corridor d’hôpital (certains appellent ça “l’Urgence” aussi). Bref, I believed the hype et je me suis juré qu’on ne m’y reprendrait plus.

Flash forward à l’université. Gros party, fin de soirée, j’ai faim. Et c’est là, à 4 heures du matin que j’ai découvert Schwartz, un resto trop petit, avec trop de monde. Mais ça ne m’a pas empêché d’avoir un moment Alléluia, coincé entre 2 personnes sur une table commune – jamais confession n’aura goûté si bon.

Du haut de mes 20 ans, comment pouvais-je comprendre un restaurant Depuis comme Schwartz?

Un resto tellement Depuis qu’il peut t’imposer de payer cash. Because it’s 2016, you know. Y’a pas un resto qui serait assez cocky en 2016 pour n’accepter, ni carte de débit, ni carte de crédit, mais Schwartz lui, il peut. Parce qu’il est là depuis 1928, mais pas toi. Peut-être pour ça que René l’a acheté, une sorte de vie éternelle?

Schwart’z

Je vous jure qu’entre l’émission du son de ma commande par mes cordes vocales et l’arrivée du sandwich sur mon napperon, il s’est passé maximum 3 minutes. Pas de sourire, mais 3 minutes.

Quand je vous disais depuis 1928, c’est ça que je voulais dire.
Pour les non-initiés, à la question “Comment tu le veux?”, la réponse est “Médium”.

Les 3 premières fois que j’y suis allé, il me semblait raisonnable de commander “Maigre”, comme du steak hâché quoi. Ben non. Un smoked meat, c’est comme un yogourt: c’est sûr que tu peux acheter du 0% de gras mais c’est équivalent à l’intérêt que tu vas y avoir d’y goûter. Vas-y Germaine, mets-en de la crème. Commande un “médium”, c’est bien meilleur et l’économie (de calories”) ne vaut pas le bout
de sa chandelle. Pourquoi pas “Gras”? Pour la même raison que tu ne dis pas “J’ai 3 bouteilles de vin” en arrivant à Dorval aux douanes. Gardes-toi une petite gêne. Pis on va se dire les vraies affaires: personne ne sait vraiment qui commande les sandwichs “Gras” chez Schwartz. Depuis 1928.

Au final, j’ai commandé un sandwich au smoked meat ($9.35) avec un cornichon ($2.10), mangé au comptoir en 2.3 secondes et j’étais sorti payé cash en 4.8 secondes. J’ai Schwartz, ça fait longremps qu’ils voient du monde. Ils en servent à peu près 1,500 par jour. Ça roule. Depuis 1928. Et avec un total de $13.25 avec la taxe, on dirait qu’on conserve le même pouvoir d’achat. Depuis 1928.

Mais la vraie raison pour laquelle j’ai commencé avec Schwartz c’est la même raison que le belvédère du Mont-Royal: il est là, on le sait qu’il est là faqu’on y va pas. Parce qu’il est toujours là, alors on le laisse aux touristes. C’est drôle quand tu penses que les touristes eux y vont là pour se sentir comme les locals. Pis quand on vante notre ville, on leur dit d’aller là parce qu’on y est pas.

Allez, vas-y, mets en de la crème Montréal. Depuis 1928.

P.S.: pour ceux qui ont passé leurs maths 103, 203 et 105 au CEGEP, oui, vous aurez déduit que comme champion à “Question pour un champion” et ben, le compte il est pas bon : il manque le pourboire ! J’ai respecté ma contrainte du $13 pour la bouffe mais il manquait le service dans le total alors ça m’a coûté plus cher que ma limite. Si j’étais sur YouTube, je ferais les compilations FAIL ARMY. Manon m’avait averti que ce ne serait pas facile mais, sans persévérance, point de bonis alors comme dirait Barney Stinson : “Challenge accepted” ! Semaine prochaine, $11 tout inclus pour compenser, deal?

Nourriture : 5/5
Service : 5/5
Coût total: $15.25

Schwartz’s
3895 boul. St-Laurent, Montréal
Ouvert : tout le temps

Note de la rédactrice en chef (tsé, la petite bette): Exceptionnellement, nous lançons la première chronique Le Deal de François un mardi pour ne pas vous garder en haleine après l’annonce d’hier. Revenez-nous voir lundi prochain pour la prochaine adresse. Pour les abonnés au blog, soyez sans crainte, loin de nous le désir de remplir votre boite de courriel. Je cherche comment modifier les envois automatiques et les transformer en format newsletter hebdomadaire. Soyez patient, restez avec nous, on est là-dessus!

François Lavigueur, ami-collaborateur, recherchiste non-officiel en bonnes adresses, lectures et produits.

François c’est l’ami avec qui tu peux parler sans JAMAIS manquer de sujet.  En fait, dans son cas, il est possible de simplement l’écouter avec plaisir pendant des heures, tellement ses histoires sont colorées et intéressantes. Avouons-le, parfois on se demande si il aboutira à une fin avec tous ses détours, mais « Life is a journey, not a destination » et les plaisirs sont, avec François, dans les détails! Grand raconteur, éternel curieux, il est avide explorateur et d’un enthousiasme impossible à résister.