Au départ ils étaient l’impulsion, la substantifique moelle de Chef toi-même, qui arborait d’ailleurs le nom de Cuisine et Sentiments.
Les sentiments.
Ils sont toujours là et derrière « l’effronté » Chef toi-même, il y a les qualités de cœur " Cor aticus "* – le courage nécessaire à une cuisine de fureur et de bruits, une cuisine d’échange et de partage.
A l’honneur donc, les sentiments. Pour une nouvelle chronique à suivre.
Les sentiments comme la cathartique de ma cuisine ou serait-ce l’inverse ?
Opus 1 : LA PEUR
Mon pire ennemi. Un sentiment devenant bien souvent le moteur de l’immobilisme. Derrière le paradoxe on retrouve l’ennui car celui qui a peur ne fuit-il pas toute fantaisie ?
Libérons-nous donc de la peur afin de ne garder que le doute.
En cuisine, il est aisé d’hésiter, de ne pas oser, de craindre… La réussite dépendant d’ailleurs de ce que pensera le goûteur.
Je me suis bien souvent lancée, clamant des « Advienne que pourra » tonitruants.
Je vous ai servi des accords inédits pour moi : la Saint-Jacques et le chorizo, le poisson et le foie gras, le jasmin et le caramel (à venir).
J’ai tenté quelques recettes de chefs : les cuisses de canard Francis Amunategui, les cœurs de canard à l’orange sanguine par Inaki Aizpitarte
Mais quel est le plat de la peur, est-ce celui que l’on n’ose pas tenter ou celui que l’on n’ose pas goûter ?
J’ai filmé* une dégustation d’insectes mais je n’ai pas goûté les bestioles. J’ai découvert tout ce qu’on pouvait faire avec La Peau mais je n’ai pas reproduis les recettes.
Je ne me suis toujours pas exercée à la confection d’un foie gras, en voilà quelques tribulations : Ma première foie, ça a été chaud glacial.
Je réfléchis, je cherche, j’énumère… Tout compte fait la peur c’est surtout celle de l’échec et voilà que je tranche : le plat de la peur c’est celui que jusqu’à présent j’ai loupé systématiquement ! Tant de fois tenté que j’ai fini par abandonner. Ce qui le rend encore plus terrifiant c’est sa simplicité et aujourd’hui il ne doit plus me résister : la panna cotta
Attention, ça à l’air décevant comme ça mais ne vous est-il jamais arrivé d’avoir La recette et de l’avoir goûté réalisée par quelqu’un d’autre, de la reproduire et d’avoir un résultat shplouf, beurk, tellement brrr que ça vous a collé des frissons tout partout ?
Résultat
Invraisemblable, il a fallu que j’en parle pour y arriver… c’est bon de s’allonger sur la toile ;-)
Défi relevé, suffrages remportés, goûteurs dans la poche.
La panna cotta
Dans une casserole versez sans peur 50 g de sucre en poudre et 10 g de sucre vanillé. Ajoutez froidement 2 g d’agar agar. Mélangez à sec. Versez 60 cl de terreur lactée à 35 % de matière grasses, fendez une gousse de vanille et jetez-là dans l’appareil à panna cotta. Mélangez le tout et portez à ébullition. Une fois que le tout frémit de tout son corps, maintenez l’effroi encore 1 minute. Retirez du feu et partagez l’horreur dans plusieurs contenants de votre choix.
En accompagnement : un caramel, une soupe de fruits rouges et menthe, pour l’occasion j’ai remplacé le citron par un citron cédrat.
Merci aux douces mains d’Eva pour le flash de la Peur.